STATU
CRÉATION (2018)
CRÉATION CHORÉGRAPHIQUE
STATU est une installation vivante et performative pour 10 performeurs.euse.s
Durée : Illimitée
ÉQUIPE ARTISTIQUE
Création : SUZANNE
Production : SUZANNE
Chorégraphes : Lorenz Jack CHAILLAT-CAVAILLÉ, Julien CHAUDET, Julien DERANSY, Grégoire FRANÇOIS & Eurydice GOUGEON-MARINE
Interprètes : Tom BOYAVAL, Lorenz Jack CHAILLAT-CAVAILLÉ, Julien CHAUDET, Jean DELAHAYE, Julien DERANSY, Mélina FERNÉ, Grégoire FRANÇOIS, Eurydice GOUGEON-MARINE, Mélissa LALANNE, Julia LEBLANC LACOSTE, Anne QUADERI, Marina SANGRA, Eva STUDZINSKI & Camille VOYENNE
Consultant en programmation algorithmique : Alexis GUYOT
Costumes : SUZANNE
Technique et son : Matias ELICHABEHERE
Photographies : Antoine GRÉDAI
PARTENAIRES & SOUTIENS
Le Clos Sauvage (93), Festival TRANSFORMES (75), La Briqueterie CDCN du Val-de-Marne (94), Espace Périphérique (75), NUIT BLANCHE de Paris (75), Cité Internationale de Arts (75), Hyper Festival (75), Festival L’Appel du Large (75), Festival 100% (75)
SYNOPSIS
STATU est une installation vivante et performative d’une simulation algorithmique appliquée à un alphabet de gestes de la vie quotidienne, qui tend à évaluer l’homme et ses capacités de réussite et de “bug”; ses limites physiques et psychologiques.
TEASER STATU
ENTRETIEN
Avec Alexis GUYOT, ingénieur en mathématiques et consultant en technologies dans le projet STATU de SUZANNE.
Bonjour Alexis, SUZANNE a fait appel à toi pour partager ton expérience afin de développer la partie algorithmique du projet STATU. Qu’est-ce qui t’a tout de suite interpellé dans ce projet ?
Les algorithmes ont été créés par l’Homme pour que les machines exécutent parfaitement une quantité monstrueuse d’opérations et de calculs. Par exemple, les calculs de trajectoires d’astéroïdes, que les ordinateurs réalisent en quasi temps réel pour surveiller notre planète, prendraient des milliers d’années s’ils étaient exécutés par l’Homme. L’exécution d’algorithme par l’Homme est donc une idée qui me paraissait absurde et qui ne m’a jamais traversé l’esprit à vrai dire.
Quand SUZANNE m’a parlé de ce projet, j’ai tout de suite été curieux de deux choses : premièrement d’imaginer l’effet psychologique subi par l’humain dans cette exécution absurde, et deuxièmement de voir la qualité de cette exécution aussi bien sur l’aspect de la beauté que de la fiabilité du cerveau à exécuter cette tâche.
Explique-nous donc en quoi a consisté ta collaboration ?
Le but était de pouvoir concevoir un algorithme, une règle d’exécution de gestes qui soit suffisamment simple pour être exécutable par l’humain, mais suffisamment subtile pour qu’il laisse la possibilité à l’humain de faire des erreurs. Le dernier critère était que l’humain ne puisse pas s’habituer à l’exécution de l’algorithme et devienne infaillible. Il devait donc comporter une partie d’aléatoire. SUZANNE a défini les gestes et leur esthétique, et j’ai participé de mon côté à définir les règles qui les mettent en mouvement en suivant ces critères.
STATU, c’est donc la science au service de l’art. À travers ce projet, qu’est-ce que l’art apporte en retour au domaine scientifique/technologique selon toi, et à la vision que l’on s’en fait ?
En travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle, je me pose forcément la question de l’éthique de l’usage de ces technologies.
Mais ce sont souvent des questions peu tangibles et très conceptuelles. STATU m’a permis d’appréhender la question de la position de l’Homme face aux technologies, d’une manière beaucoup plus terre à terre.
Dans cette performance, l’homme possède une sensibilité, il ressent, il est sujet à des émotions qui interfèrent négativement avec l’exécution d’une tâche automatique. L’intégration d’un corps étranger par l’homme pour en faire un élément de lui-même, en l’occurrence ici l’algorithme faisant référence à la technologie, a pour conséquence l’apparition d’un état de souffrance et de contrainte qui n’est pas naturel pour lui.
Cela me paraît être une métaphore et en même temps une démonstration par l’expérience très concrète des conséquences de l’assimilation massive des technologies dans nos sociétés d’aujourd’hui.
Alors selon toi, qu’elle est la plus belle façon d’exécuter un algorithme, par l’homme ou la machine ?
D’un point de vue commun, l’exécution parfaite d’un algorithme n’est qu’une norme pour que nous puissions utiliser les services dont il est le rouage. En tant que data scientist, lorsque je passe un certain temps à développer un algorithme après étude, après tests et corrections, il y a une certaine jouissance à le voir s’exécuter parfaitement par la machine. C’est comme la concrétisation de la puissance du cerveau humain.
En revanche, lorsque les performeurs de STATU ont exécuté l’algorithme, les erreurs ne m’ont plus paru comme signe d’un échec ou d’une imperfection, mais elles sont devenues belles à regarder. Ces erreurs subliment l’être humain en le rendant humble. En effet, l’Homme a tendance à se positionner au-dessus de tout être vivant et de tout phénomène physique, grâce à sa capacité à extraire de la Nature qui l’entoure, une vérité qu’il pense toucher par les Sciences. Retrouver cette humilité par l’erreur est donc une très belle façon d’exécuter un algorithme !
STATU
est
mais aussi :
ANNE QUADERIE
TOM BOYAVAL
JULIA LEBLANC-LACOSTE
MÉLISSA LALANNE
&
CAMILLE VOYENNE